Sabrina, 30 mois et 3 jours de grossesse

Sabrina, 39 ans, vit dans la Drôme avec son mari et leur fille Alma. Son expérience de la maternité, et tout ce qu’elle implique, a littéralement tout changé. Elle nous raconte son tourbillon de la vie.

6 MOIS

J’ai toujours su que je voulais des enfants. C’est quelque chose qui était en moi, sans que je ne le formalise forcément. Je viens d'une petite ville de province, et quand je suis allée m’installer à Paris vers l’âge de 24 ans, j'ai vécu pleinement. J'ai rencontré mon premier mari, nous étions jeunes, nous voyagions et travaillions beaucoup, nous profitions de notre couple en nous disant : “On verra plus tard”. Arrivée la trentaine, j’ai vraiment été prête à fonder une famille, mais nous n’étions pas du tout alignés sur le sujet. Nous nous sommes donc séparés pour cette raison précise. Je ne pouvais pas, même par amour, sacrifier mon désir de maternité.  

Malgré cette épreuve douloureuse et difficile, j’ai été plutôt chanceuse, car j’ai ensuite rencontré mon nouveau compagnon, qui est aujourd'hui un papa extraordinaire. Quand notre relation a commencé, j’avais plus de 35 ans, lui aussi, nous avons donc très rapidement abordé la question des enfants. Nous avons commencé à concrétiser notre désir de devenir parents en janvier 2019. 

Dans les mois qui ont suivi, je suis tombée deux fois enceinte… Mais j'ai fait deux fausses couches précoces consécutives. Je trouve qu’on ne prépare pas assez les femmes à cette épreuve alors qu’elle est fréquente. Ça a été un choc, je ne m’y attendais pas du tout. Je suis ensuite tombée enceinte d’Alma en septembre 2019, donc on va dire que j’ai réellement mis 6 mois à avoir une grossesse viable et en laquelle je me suis autorisée à croire.

Mes difficultés ont donc résidé dans le fait de pérenniser ma grossesse, et non de concevoir. Au-delà de l’impact émotionnel, cela a provoqué chez moi des questionnements, de la curiosité, enclenché des démarches pour aller consulter des spécialistes tels qu’une naturopathe, et clairement mis sur le chemin d’une nouvelle vie professionnelle [Sabrina est la co-fondatrice de BOOME NDLR].

9 MOIS ET 2 JOURS

Au début de ma grossesse, à cause de mes fausses couches, j’ai été très flippée. J'ai vraiment relâché la pression au bout de 4 ou 5 mois, après avoir fait l’échographie du premier trimestre et eu tous mes résultats d’examens positifs. J’ai annoncé la nouvelle à d’autres personnes que mes proches, j’ai fait une annonce officielle sur Instagram [rires…], je voulais que tout le monde le sache, mais la détente a duré deux petits mois, même pas, puisqu’en mars le COVID nous est tombé dessus ! J’ai eu le combo : grossesse qu'on appelle tardive - puisque j'avais 37 ans -, et pandémie mondiale ! J’ai donc vécu ma fin de grossesse dans l'angoisse d’attraper ce virus, dans l’isolement, et la frustration de ne pas profiter de mon congé maternité durant les beaux jours, faire de belles balades, savourer ces derniers moments avant la rencontre avec mon bébé. Nous habitions dans un appartement à Paris, mais j’avais malgré tout de la chance : mon salon était exposé plein sud, donc je pouvais prendre la lumière tous les jours. 

J’ai beaucoup angoissé pour mon accouchement, qui est arrivé après 9 mois et 2 jours de grossesse. Je pense qu’inconsciemment je ne voulais pas laisser sortir ma fille de mon ventre. Je me répétais : “Pas maintenant, pas maintenant !”, je voulais retarder l’échéance, parce que pendant une longue période, les maternités interdisaient aux papas d'assister à l'accouchement. J’ai trouvé ça d'une violence inouïe. Finalement, ce scénario n’a pas eu lieu car j’ai accouché après le déconfinement, et sans masque, mais cela s’est terminé par une césarienne d’urgence. Je pense que le contexte et l’angoisse que cela a généré chez moi a provoqué un moment tout en retenue, qui a engendré un accouchement différent de celui dont j’avais envie... 

15 MOIS

Mon post accouchement a été un tsunami. Je me suis effondrée. Déjà, je ne me suis pas sentie accompagnée durant mon séjour à la maternité, je n’ai pas trouvé le personnel bienveillant. Se retrouver la nuit avec son nourrisson sans la présence du papa, le nourrir, le changer toute seule, alors que je souffrais terriblement de douleurs post-opératoires, a aussi été extrêmement violent, si bien que j’ai fait une crise d’angoisse la veille de ma sortie. C’est ce qu’il a fallu pour qu’ils me prennent ma fille, afin que je puisse dormir 3h. J'étais au fond du seau, et je voulais rentrer chez moi à tout prix. Pour diverses raisons, ça n’a été possible qu’une semaine après mon entrée. 

Quand je suis arrivée chez moi, mes parents, qui avaient pu prendre un train, nous attendaient. J’étais tellement mal, que je leur ai donné Alma, je suis allée m'allonger dans mon lit pour récupérer, et s’en sont suivis 15 jours de larmes non stop. J’étais tellement heureuse et en même temps tellement chamboulée de ne pas récupérer plus vite, d’avoir si mal à ma cicatrice de césarienne… On nous répète en boucle : “Tu oublies tout, tu verras !”, mais j’oublie rien du tout [rires…]. Je n’ai pas du tout hâte de repasser par tout cela, même si je veux d’autres enfants. Concernant aussi les sentiments, j'ai un amour incroyable pour ma fille, mais j'ai mis du temps à me sentir mère, à réaliser que c'était ma fille, à la rencontrer réellement. Tout se décloisonne au fur et à mesure du temps, il y a cet amour et ce lien qui s'installe, mais cela n’a pas été immédiat, ce n’est pas vrai que c’est toujours le cas. Tout ça pour dire que ça a été un profond bouleversement, je ne m'attendais pas à voir un post-partum aussi difficile. 

J'ai mis du temps à retrouver mes sensations, à ce que la douleur s’atténue (au moins 6 mois !), à avoir confiance en moi, à me regarder dans un miroir. Je fais partie de ces femmes qui ont été vraiment très chahutées. Psychologiquement et physiquement, je dirais que j'ai commencé à retrouver un équilibre, 15 mois plus tard. Tout cela va aussi avec un profond changement de vie : on a quitté Paris, on se réveille au bruit des oiseaux, j'ai un jardin, je vois évoluer ma fille dans la nature, je me suis rapprochée de ma famille. Cette grossesse a été le déclencheur de changements dans ma vie, sur tous les points. Personnels, mais aussi professionnels, car ce sont mes problématiques et les états dans lesquels je me suis trouvée, qui m’ont poussée à m’informer et à constater qu’il y avait des solutions manquantes à certains besoins des femmes qui traversent la maternité. Et qu’il était urgent d’y répondre, avec bienveillance, modernité, naturalité, tout ce dont on a besoin dans cette période. Cette réponse, elle existe à présent, elle s’appelle BOOME, et j’en suis très fière !

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