
Encore taboue, car empreinte de crainte et évidemment de tristesse, la fausse couche (que, de notre côté, on préfère appeler grossesse arrêtée) est pourtant intrinsèquement liée à la grossesse. Parce qu'une femme sur dix - dans le monde (1) - aurait déjà été touchée, il est temps et nécessaire de libérer la parole sur ce sensible sujet. Pour mieux y faire face si on est concernée (soi-même ou nos proches), la reconnaître si elle arrive, savoir quelles sont les étapes pour notre tête et notre corps si on vient d'en vivre une, et surtout, savoir rebondir, à son rythme, voici quelques clés.
Qu'est-ce qu'une fausse couche ?
Une fausse couche définit une interruption soudaine et involontaire de la grossesse qui survient entre 1 et 22 semaines d'aménorrhée. Il y a néanmoins des différences dans les grossesses arrêtées, selon le moment ou la façon dont elles se manifestent. Il est important de bien les différencier, car les prises en charge ne sont pas les mêmes, et devront s'adapter.
1. La fausse couche spontanée (appelée FCS en abréviation médicale)
Dans le cas d'une fausse couche spontanée, l'embryon est expulsé naturellement par l'utérus.
2. La fausse couche précoce
On parle de fausse couche précoce lorsque l'arrêt de grossesse a lieu au cours du premier trimestre de la grossesse (avant la 14e semaine d'aménorrhée).
3. La fausse couche tardive
Aussi parfois encore appelée “avortement tardif”, la fausse couche est dite tardive si elle survient entre le troisième et le cinquième mois de grossesse (après la 14e semaine d'aménorrhée). Un arrêt de la grossesse au-delà des cinq premiers mois (soit 22 semaines après la date des dernières règles) sera nommé mort fœtale.
4. La fausse couche isolée
On qualifie une fausse couche d'isolée si la femme enceinte n'en a vécu qu'une seule, en opposition aux fausses couches à répétition (une femme de moins de 40 ans qui aurait déjà fait trois fausses couches précoces consécutives). Dans le récent rapport de 2021 (1), les experts estiment que ces fausses couches récurrentes sont toutefois beaucoup moins fréquentes : 1,9 % des femmes en font deux, et ce chiffre descend même à 0,7 % pour celles qui en ont fait trois. Rappelons qu'une fausse couche ne présage absolument pas de votre capacité à avoir un bébé par la suite.
Comment savoir si on fait une fausse couche ? Les signes
Lorsqu'on est enceinte, et peut-être encore plus s'il s'agit d'une première grossesse, il n'est pas toujours facile de comprendre les signes de son corps et les manifestations de grossesse durant les premières semaines et de savoir si et quand on doit “s'inquiéter”, car tout bouge à l'intérieur ! Pour repérer les symptômes de la grossesse arrêtée, surveillez attentivement :
> L'absence brutale des signes de grossesse que vous ressentiez (nausées, douleurs dans les seins, vomissements…)
> Des saignements abondants (avec présence de caillots de sang souvent rouges vifs)
> Des fortes douleurs pelviennes (les tiraillements dans le dos ou la région pelvienne sont normaux mais s'ils s'intensifient ou persistent, cela peut donner l'alerte)
> Des contractions (régulières et douloureuses) ou crampes abdominales
> De la fièvre et des frissons : vérifiez avec l'aide d'un professionnel de santé que ce n'est pas le signe que le sac ovulaire expulse le fœtus
Certaines grossesses peuvent également s'interrompre sans présence de signes particuliers. En cas de doute ou d'angoisse - si vous sentez que quelque chose ne se passe pas correctement - consultez en urgence un médecin, gynécologue ou sage-femme. Des saignements vaginaux soudains, des douleurs intenses (dans le bas ventre, l'abdomen ou encore le dos) ou une perte de conscience doivent être des signaux d'alerte immédiats.
Comment ne pas confondre fausse couche et règles ?
À première vue, ça peut sembler difficile de distinguer une fausse couche précoce et les principaux signes des règles. Surtout lors des premiers mois ou premières semaines de grossesse, quand celle-ci n'est pas encore confirmée. On vous partage quelques éléments pour vous aider à différencier les deux :
> Des saignements abondants (et longs) : un saignement vaginal lié à une fausse couche reste souvent plus abondant et prolongé que ceux des règles habituelles. Pour vous donner un repère, ils peuvent nécessiter qu'on utilise plus de deux serviettes hygiéniques par heure. Tandis que les règles normales, elles, n'en nécessitent généralement une par heure.
> Une présence de caillots sanguins ou de tissus : lors d'une fausse couche, on observe souvent l'expulsion de caillots sanguins ou de tissus embryonnaires. Ça n'est pas le cas pendant les menstruations.
> Du sang de couleur différente : les saignements menstruels commencent souvent par une teinte brunâtre avant de devenir rouges. Ceux d'une fausse couche, au contraire, peuvent être rouge vif dès le début.
> Une douleur abdominale intense : bien que les crampes menstruelles soient fréquentes pendant les règles, les douleurs abdominales liées à une fausse couche sont généralement plus intenses. Elles peuvent même s'accompagner de douleurs dorsales ou de douleurs pelviennes sévères.
> La disparition des symptômes de grossesse : si les saignement s'associent à une disparition soudaine des signes de grossesse (tels que les nausées, les seins sensibles ou la fatigue)... Cela peut indiquer une fausse couche.
Ce qu'il faut faire en cas de fausse couche
Lorsqu’une fausse couche survient, une consultation médicale peut s'avérer essentielle pour évaluer la situation et déterminer la meilleure prise en charge. Selon le stade de la grossesse et la manière dont l’expulsion se déroule, plusieurs options sont possibles :
> L'expulsion naturelle : Dans les cas de fausse couche précoce, l’organisme peut éliminer naturellement les tissus embryonnaires. Cette expulsion s'accompagne souvent de crampes abdominales et de saignements qui peuvent durer plusieurs jours ! Une surveillance médicale est alors nécessaire pour s’assurer que l’utérus s’est totalement vidé et qu’aucun tissu résiduel ne risque de provoquer des complications.
> Les médicaments : si l’expulsion ne se produit pas spontanément, on pourra vous prescrire un traitement à base de misoprostol. Ce médicament déclenche des contractions et favorise l’évacuation en 12 à 24 heures. Dans certains cas, on pourra vous prescrire une seconde dose. Les médecins ont tendance à privilégier cette approche pour les fausses couches précoces, car elle permet d’éviter une intervention chirurgicale. Une fois le processus terminé, on réalise une échographie de contrôle pour vérifier que l’utérus est bien vide.
> Le curetage : lorsque la grossesse est plus avancée (généralement après 10 semaines de grossesse) ou en cas de fausse couche incomplète, un traitement chirurgical devient nécessaire. Il s’agit d’une aspiration endo-utérine réalisée sous anesthésie locale ou générale afin de retirer les tissus restants. L’intervention est rapide et permet de réduire les risques d’infection ou de complications hémorragiques.
Dernier point important : après une grossesse arrêtée, il est normal d’avoir des saignements vaginaux pendant plusieurs jours. On vous recommande vivement de ne pas utiliser de tampons ou une coupe menstruelle, qui pourraient augmenter le risque infectieux.
Idem pour les relations sexuelles : on vous conseille d’attendre quelques semaines avant de les reprendre.
Après la fausse couche : ce qu'il faut savoir
Faire votre deuil périnatal
Il ne faut pas négliger le traumatisme que peut provoquer une grossesse arrêtée chez les femmes enceintes, et ce, peu importe le nombre de semaines à laquelle celle-ci est arrivée. La définition de l'OMS parle de deuil périnatal lorsque des parents perdent leur bébé entre 22 semaines d'aménorrhée et le 7e jour après sa naissance, mais il s'agit dans tous les cas d'un deuil à faire, pour les deux partenaires, durant lequel les sentiments sont confus et mélangés (vide, tristesse, déception et parfois même culpabilité). Même si la tentation est grande de vouloir rester seule, il est important de se confier à son entourage, d'être entourée, et d'en parler avec votre compagnon, qui souffre aussi et qui se sent souvent démuni. Cependant, si votre deuil dure ou vous paralyse trop longtemps, n'hésitez pas à vous faire accompagner par un(e) thérapeute ou même à rejoindre des groupes de parole si vous ressentez le besoin de vous sentir compris(e). En France, on estime qu'il y a 200 000 fausses couches par an (1), donc vous n'êtes pas seule. Les proches peuvent être présents, mais ne sauront pas toujours trouver les paroles justes ou avoir l'empathie nécessaire s'ils ne sont pas passés par cette difficile épreuve.
Demander un arrêt maladie pour fausse couche si besoin
Selon Ameli, depuis le 1er janvier 2024, vous pouvez obtenir un arrêt de travail sans délai de carence pour fausse couche. Pour en bénéficier, c'est simple : votre médecin peut vous prescrire un arrêt de travail indemnisé dès le premier jour. Sachez aussi que si vous préférez que votre employeur ne connaisse pas le motif médical de votre absence, vous pouvez demander un arrêt de travail classique, avec délai de carence.
Vous laisser le temps de guérir
On se demande souvent combien de temps dure une fausse couche. La vérité, c'est qu'il n'y a pas de réponse exacte. Car chaque femme vivra cette épreuve différemment. Mais une chose est sûre : pour se remettre et pouvoir envisager une nouvelle grossesse le plus sereinement possible, nous croyons évidemment au pouvoir guérisseur du temps. Il permet à la fois au corps et au cœur de se remettre en forme, petit à petit, et fait disparaître le pesant sentiment de culpabilité après une interruption de grossesse. Même si vous êtes la seule à savoir quand vous serez prête, il est recommandé d'attendre au moins quelques cycles menstruels avant d'essayer de retomber enceinte.
Mais gardez confiance, car une grossesse arrêtée dans le passé ne vous empêchera pas de mener une future grossesse normale. Pensez à vous assurer auprès de votre gynécologue que le retour de couches a bien eu lieu (certaines femmes peuvent développer une « aménorrhée psychogène », un blocage psychologique des règles) suite à votre grossesse arrêtée.
Préparer une nouvelle grossesse quand vous vous sentez prête
Saviez-vous que la fertilité féminine augmente après une grossesse arrêtée ? On vous explique pourquoi dans notre article Pourquoi sommes-nous plus fertiles après une fausse couche.
Si vous envisagez une nouvelle grossesse, il faut préparer autant votre tête que votre corps à vivre de nouveau cet événement joyeux. Si le temps finit par adoucir le traumatisme et éloigner la crainte que ça ne se reproduise à nouveau, vous pouvez agir en attendant, en donnant un petit coup de pouce à votre corps de future maman.
Pour booster votre fertilité - et par la même occasion vous rassurer en reprenant confiance sur votre capacité à mener à bien une grossesse - nous avons créé un complément alimentaire à base de plantes et de vitamines. En améliorant l'ovulation et la qualité des ovocytes, rééquilibrant le cycle et les hormones, Baby Boost, nos vitamines fertilité pour les femmes, accompagnent toutes les mamans. Celles en devenir, celles qui le sont depuis peu, celles qui sont au bout du roul', celles qui pensent qu'elles ne peuvent pas l'être, celles qui angoissent, celles qui sont en joie... Avant, pendant, après, nous voulons être à vos côtés, dans les beaux comme les moins bons moments.
Enfin, si vous êtes de nouveau enceinte (félicitations !), n'hésitez pas à faire des échographies de contrôle précoce (dont la première le plus tôt possible) pour vérifier que tout se déroule bien. Et à prendre soin de vous, évidemment !
Quelles peuvent être les causes et les risques pour une fausse couche ?
Il est légitime de vouloir comprendre ce qui s'est passé et de se demander si on « a fait quelque chose de mal ». Mais c'est souvent source de culpabilité chez les femmes enceintes qui se sentent responsables, à tort. L'interruption spontanée de grossesse touche environ 15 % des grossesses, soit 23 millions dans le monde, et 44 grossesses perdues chaque minute… (1). Il s'agit donc d'un phénomène malheureusement aussi triste que fréquent, et dont la cause n'est généralement pas connue. Une maman peut être en bonne santé et vivre tout de même une grossesse arrêtée.
Les causes de la fausse couche
> Des anomalies chromosomiques du fœtus qui ne parvient alors pas à se développer correctement : cela concerne la grande majorité des cas. Les chromosomes présentent un problème et/ou ne sont pas bien répartis, ou le développement embryonnaire (système nerveux, cœur…) présente des dysfonctionnements. La grossesse arrêtée est dans ce cas une réponse appropriée du corps, qui comprend que l'embryon ne sera pas viable.
> Une chute ou un accident : un violent choc (ou des coups) peuvent provoquer un décollement du placenta.
> Une grossesse extra-utérine (dans la majorité des cas).
> Le syndrome des ovaires polykystiques (SOPK) qui peut drastiquement augmenter les chances de faire une fausse couche.
> La présence d'une infection chez la femme enceinte : toxoplasmose, rubéole, listériose….
> Des problèmes de santé de la mère : problèmes de coagulation, dérèglements hormonaux, fibromes utérins, malformations de l'utérus (comme l'utérus cloisonné), ou même maladies auto-immunes, maladies chroniques… Dans le cas de grossesses arrêtées répétées, il faut approfondir les recherches pour trouver s'il y a une cause médicale.
Les facteurs de risques
> L'âge : comme pour la fertilité, l'âge joue malheureusement en la défaveur des femmes dans le risque de grossesse arrêtée ; il serait de 12% à l'âge de 25 ans, et passerait à 50% à 42 ans (2).
> La consommation d'alcool ou de drogues durant la grossesse (en particulier l'héroïne, la cocaïne et les amphétamines).
Sources :
- https://www.thelancet.com/series/miscarriage
- Chiffres Assurance Maladie