"Ai-je vraiment besoin d'une vitamine prénatale ?" C’est une question que l'on peut légitimement se poser en phase de grossesse ou de pré-grossesse.
Nos mères ou nos grands-mères nous ont souvent répété qu'à leur époque, "on ne prenait rien" et "qu'une alimentation variée et équilibrée suffit" pour que la future maman bénéficie de tous les nutriments dont elle a besoin pour elle et le développement de son fœtus.
Alors pourquoi en avons-nous besoin aujourd’hui, alors qu’elles n’étaient pas nécessaires à l'époque de nos grands-mères ?
Spoiler : notre système alimentaire a beaucoup évolué et ces changements ont eu de nombreux impacts sur nos états de santé et les apports dont nous avons désormais besoin pour faire grandir un bébé et maintenir une maman en bonne santé.
On vous fait un petit récap de ce qui a changé et pourquoi :
Des produits moins frais, hors saison ou moins riches
A l’époque, nos grands-parents ne mangeaient pas de fruits acheminés par avion hors saison. Ils mangeaient des fruits frais provenant de leur jardin juste après avoir été récoltés. Ils congelaient et mettaient également en conserve des produits au sommet de leur fraîcheur pour en profiter toute l'année.En quoi cela est-il important ? Parce que les aliments cueillis et consommés à l'apogée de leur fraîcheur sont plus riches en nutriments que ceux qui ne sont pas encore mûrs. Nous savons aujourd’hui que les fruits et légumes transportés par avion ou par camion sont récoltés trop tôt pour mieux supporter le transport, qui se fait souvent dans de mauvaises conditions (sous plastique, dans des palettes le plus souvent).
Par ailleurs, il y a plusieurs décennies, rien n'était gâché et on mangeait souvent les animaux en entier. Par exemple, le poulet était cuit à la broche et mangé avec la peau et les abats comme le foie. Les os étaient récupérés en bouillon et utilisés dans les soupes et les ragoûts. Ce type d'alimentation était extrêmement riche en nutriments et en bons éléments comme le collagène et la gélatine, qui font du bien aussi bien à notre peau qu'à nos intestins.
Même lorsqu'on essaie de "consommer local", les pratiques agricoles nous compliquent la tâche. En effet, ces dernières décennies, ce secteur s’est fortement industrialisé (produits chimiques industriels…) et cela a durement perturbé la qualité du sol et la qualité nutritive des aliments qui y poussent.L'université du Texas a publié une étude en décembre 2004 sur les données nutritionnelles de 43 fruits et légumes différents entre 1950 et 1999. Cette étude a démontré une baisse du contenu nutritionnel (teneur en protéines, calcium, phosphore, fer, riboflavine (vitamine B2) et vitamine C) sur la période étudiée. Cette "baisse fiable" est causée par des pratiques agricoles visant à améliorer des caractéristiques (taille, taux de croissance, résistance aux parasites) autres que la nutrition.
En d'autres termes, vous pourriez suivre le même régime alimentaire - les mêmes aliments dans les mêmes quantités - que votre grand-mère, et vous obtiendriez moins de nutriments. C’est pourquoi, en plus de prendre vos vitamines prénatales à tous les stades de la grossesse (avant, pendant et après l'accouchement), il est bon, dans la mesure du possible, de s'approvisionner localement auprès d'agriculteurs qui pratiquent une agriculture régénératrice et durable.L'explosion des perturbateurs endocriniens et autres polluants de l'environnement
Le sujet des perturbateurs endocriniens est devenu un vrai fléau pour nos sociétés modernes. Nous sommes devenus super attentifs aux étiquettes des différents produits de consommation, qu'ils soient alimentaires ou pour la maison, pour faire des choix les plus clean possibles. Mais cosmétiques, produits de nettoyage ou même bouteilles d'eau, il est quasi impossible d'y échapper. Or il a été prouvé scientifiquement que ces perturbateurs endocriniens ont un impact avec toutes les grandes fonctions des organismes vivants, tant sur la croissance, la reproduction ou même le système immunitaire.
Plus généralement, le programme national de biosurveillance, mis en œuvre par Santé publique France a mené une étude publiée en 2017, qui démontre que "la majorité des polluants étudiés sont présents chez près de la totalité des femmes enceintes, et que l’alimentation représente la source principale d’exposition, malgré l’existence d’autres sources notamment dans l’air intérieur et extérieur." Si la concentration de certains polluants, comme le plomb ou le Bisphénol A sont globalement inférieures à celles observées dans les études antérieures françaises en raison de leurs interdictions récentes, d'autres polluants comme le mercure sont toujours très présents.
Par ailleurs, en dépit de leurs indéniables bienfaits, certaines inventions modernes dans le domaine de la santé, comme les contraceptifs hormonaux ou encore les antibiotiques, déséquilibrent nos flores intestinales ou fragilisent nos systèmes immunitaires.
Des aliments trop propres
Face à ces polluants, notre légitime réflexe est de nettoyer au maximum ce que nous consommons. Mais en faisant cela, nous n'enlevons pas que la saleté ou les polluants, nous enlevons également les bonnes bactéries que la terre nous apporte. C'est là que nos grands-parents obtenaient la plupart de leurs probiotiques, bien avant qu'ils ne soient mis en gélules dans des flacons. En raison de la culture et de la transformation de masse des produits qui ont lieu aujourd'hui, nos aliments finissent par être (trop) propres et nous sommes très loin de la terre et de ses petits organismes qui peuvent aider à peupler nos propres microbiomes.
Notons d'ailleurs que la fermentation, très pratiquée jadis comme moyen de conservation des aliments, connaît un regain d'intérêt et on s'en félicite ! Les bactéries qui en résultaient naturellement étaient (et sont toujours) excellentes pour l'intestin.
Une meilleure connaissance scientifique
Dans les années 70, de premières études établissent une corrélation entre l'acide folique et le développement du fœtus. Les médecins préconisent alors d'ajouter de l'acide folique dans les aliments et les vitamines (et on sait aujourd'hui qu'il vaut mieux privilégier les folates plutôt que l'acide folique).
Le sujet des vitamines prénatales commence alors à prendre de l'ampleur et marque le début de nombreuses autres études, qui mettent en lumière les besoins nécessaires au bébé pour se développer correctement.
Depuis, nous avons beaucoup appris sur les nutriments nécessaires à la grossesse alors qu'ils n'avaient pas fait l'objet d'une grande attention auparavant. La choline par exemple aide à diminuer les risques d’anomalies du tube neural et de prééclampsie, tandis que l'iode est essentiel pour le bon développement du cerveau du fœtus et du jeune enfant.
Le monde est bien différent de ce qu'il était il y a plusieurs générations. Nous connaissons mieux les nutriments dont nous avons besoin, mais paradoxalement, il nous est plus difficile de les trouver dans les aliments qui nous sont facilement accessibles. Une alimentation variée et équilibrée n’est à elle seule plus suffisante au cours des étapes de votre grossesse.
Donc parions que nos grands-mères auraient pris leurs vitamines prénatales si elles avaient existé à l’époque !